L’ESTA et la politique d’immigration des Etats-Unis d’Amérique sous Trump

Au cours de l’année 2017, l’agence de police douanière et de contrôle des frontières du département de la Sécurité intérieure des Etats-Unis (ICE) a renvoyé 240 255 immigrants. L’année suivante, ce chiffre est passé à 256 085, et la tendance haussière se poursuit depuis l’entrée en fonction du président Trump. On fait le point sur les contours de la politique d’immigration des Etats-Unis depuis 2017 !

La tolérance zéro, le mur et l’ESTA

En janvier 2017, le président américain a en effet signé un décret suspendant temporairement l’entrée aux États-Unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane. Il a été remplacé par un autre décret en mars 2017 et par un discours présidentiel en septembre 2017, avec diverses modifications de la liste des pays et des exemptions. Aucun changement n’a toutefois été enregistré sur le programme d’exemption de visa accordé aux citoyens français, qui peuvent toujours demander l’autorisation de voyage simplement en remplissant le formulaire ESTA, en présentant les documents signalétiques demandés et en s’acquittant des frais de traitement de leur dossier.

Les décrets ont été temporairement suspendus par les tribunaux fédéraux, mais ont ensuite été autorisés par la Cour suprême, en attendant une décision définitive sur leur légalité. Pour beaucoup d’observateurs, ce bras de fer juridique pourrait se prolonger après la fin du mandat Trump. Un autre décret a demandé la construction immédiate d’un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, l’embauche de 5 000 nouveaux agents de patrouille frontalière et de 10 000 nouveaux agents d’immigration, ainsi que des sanctions financières fédérales pour les villes dites « refuges ».

Une « politique de tolérance zéro » a été mise en place par le président Trump en 2018. Elle stipule qu’il est désormais (légalement) possible de séparer les enfants des adultes entrant illégalement aux États-Unis, ce qui se justifie par le fait que tous les adultes qui entrent illégalement aux États-Unis sont considérés comme des criminels et font donc l’objet de poursuites pénales. Cette politique a fait l’objet de nombreuses critiques et de contrecoups et aurait été « suspendue », du moins sur le terrain, en juin 2018. Les Nations unies ont condamné cette politique, la qualifiant de viole du droit international.

La demande d’asile s’apparent désormais à un véritable parcours du combattant

L’administration Trump a poursuivi sa promesse de mettre la main à la pâte en matière d’immigration et rend désormais les choses plus difficiles pour les demandeurs d’asile, avec des directives aux agents des frontières de faire preuve de plus de sévérité dans l’évaluation des comportements et de la crédibilité des demandeurs.

Des études menées en 2014 puis en 2017 ont noté que le comportement des migrants est souvent influencé par des facteurs culturels, notamment le fait d’être détenu dans un pays étranger et de ne pas parler la langue, ainsi que par le traumatisme subi au pays d’origine ou lors du voyage vers les États-Unis, souvent périlleux. Un nouveau décret du président Trump stipule que ces facteurs ne devraient pas être « significatifs » et ne doivent donc pas entrer en considération pour la détermination de la crédibilité du demandeur. Concrètement, les facteurs dits de « stress » sont aujourd’hui considérés comme des éléments à charge qui entament la crédibilité de la personne.

Afin de réduire davantage le nombre de demandeurs d’asile aux États-Unis, l’avocat Jeff Sessions a publié une décision qui limite le champ de la demande d’asile, excluant les personnes qui fuient la violence des gangs et la violence domestique, visant principalement les Mexicains qui sont les plus nombreux à demander l’asile pour ces motifs. De même, la possibilité d’asile a été supprimée pour les femmes fuyant les pays d’Amérique centrale.

Ces nouvelles politiques mettent de nombreuses vies en danger, au point que de nombreux ONG ont poursuivi Jeff Sessions et d’autres membres de l’administration Trump au nom des droits de l’Homme et de « non assistance à personne en danger ».